ALLER AU BOUT DE MES LIMITES…
Puiser les dernières ressources physiques et mentales qui me permettront de réaliser un challenge personnel.
Un nouveau défi, réservé à un nombre très restreint de personnes dans le monde …
Il s’agit d’une ascension…L’ascension de ma vie sur l’un des sommets les plus connus au monde.
Quelques milliers de mètres à parcourir, à travers la neige, des pentes raides à 45 degrés…
Le rendez-vous était initialement fixé à Septembre 2011 avec mon ami Stéphane et d’autres aussi fous que nous, mais je ne serai pas prêt pour cette date…nous remettons donc cette ascension pour plus tard…bientôt…très bientôt.
En attendant le jour J, c’est en Juillet 2010 que je décide de commencer mon initiation.
L’année se composera d’un grand nombre d’ascensions sur plusieurs types de sommets en guise d’entrainement.
La condition physique… élément essentiel pour la réussite d’un projet aussi ambitieux.
Ne pas se sous estimer, faire preuve d’humilité…
Je compte sur Poter, Stéphane, Juju, H2H2 et bien d’autres pour qu’ils me prennent sous leurs ailes durant l’année en cours afin que je multiplie les ascensions.
La motivation est là…
L’envie est là…
Amoureux de la vie et des richesses offertes par ce monde, je suis pressé de voir le grand jour arriver…
1 randonnée toutes les 6 semaines…c est selon moi le rythme nécessaire que je m’impose afin d’être prêt le jour J.
Juin 2010… Juju et Poter veulent faire une ascension dans les Pyrénées… je décide de me greffer à leur expédition pour cette première.
L’objectif…2000 ou 2500m d’ascension et dodo à la belle étoile.
C ‘est alors que 2 semaines avant, je décide de m’équiper sérieusement.
Je prends conscience que les équipements sont des éléments essentiels pour qu’une ascension se passe dans de bonnes conditions.
Pendant 2 week ends successifs, je découvre de manière émerveillée le monde des randonneurs…
Cette communauté est énorme et quelques semaines plus tard…c est avec passion que j’en ferai intégralement parti…2 week ends à me renseigner, à marcher dans les rues près du boulevard St Germain à visiter plusieurs de boutiques de l’enseigne « Vieux campeur »…
Près d’une vingtaine de boutiques dans tout le quartier avec chacun sa spécialité : manteaux, lunettes de protection solaire, chaussures, T shirts…
Les boutiques sont remplies de clients…la France est bel et bien passionnée par la randonnée.
Les vendeurs sont de bons conseillers, randonneurs pour la plupart d’entre eux …
Le vieux campeur est connu pour être spécialiste pour tous les accessoires de rando et pour ses tarifs plus importants que la moyenne mais également par la qualité de ses produits.
La qualité…c’est ce que je recherchais …
La qualité pour une dizaine d’ascensions à faire pendant un an (avant que quelques mois plus tard je me rends compte que la dizaine deviendrait vingtaine).
La liste de mes courses était complète, grâce à l’expérience de mes amis qui m’ont conseillé tous les éléments essentiels :
Batons, chaussures, lunettes, T shirt, polaire, gourdes, sac, tente…
Ces 2 week end d’achat étaient donc d ores et déjà un moment d’apprentissage.
Puis le jour J arrive…Ma première…enfin..
Je prends un billet EasyJet pour Toulouse…Poter et Juju m’y attendaient déjà…Je suis à la maison, j’avais préparé mon sac la veille…pressé de me rendre sur les lieux..Rien ne manque dans ce sac que je trouvais lourd du fait de tous les équipements à l’intérieur.
Je sors de la maison, direction Orly…c’est parti…
Ça y est, c est officiel, j ai sur le dos un sac de randonneur…je leur ressemble…qui l’aurait cru quelques mois avant…
J’arrive à Orly…
Le voyage est rapide… Toulouse m’accueille avec une forte pluie..
Je suis bien, j ai l’esprit libre…
Juju et Poter viennent me chercher en voiture..ils m’annoncent que nous n’irons pas très haut pour l ascension du lendemain (2000m).
Petite déception mais peu importe car pour cette première, atteindre la barre symbolique des 2000m était en soit quelque chose d’énorme…
C’est alors que nous discutions en voiture à évoquer la première aventure du lendemain…sous la pluie, en direction de la maison familiale de Juju dans un coin excentré de Toulouse…un petit village, plein de charme…
Le long du chemin…ce sont les prairies, les coquelicots qui me souhaitent la bienvenue…
Je suis bien, je me mets à rêver en pensant au lendemain…
Nous arrivons chez Juju, accueillis par ses parents que j’avais déjà rencontrés lors du vernissage de l’expo Silence Must Be Heard, venus pour soutenir Poter…
Maison pleine de chaleur, des parents ouverts, curieux et un père randonneur qui a une grande expérience et qui me fait part de ses premiers conseils…
Le premier d’entre eux : « toujours prendre son temps lors d’une randonnée, ne jamais se presser, bien respirer »…
Et je me rendais compte le lendemain que je tentais de m’appliquer dans le respect de cette consigne qui effectivement m’aura beaucoup aidé et qui deviendra au fil des ascensions, une règle incontournable que je m’imposerai.
Le diner est copieux et bon…nous refaisons le monde tous ensemble, parlons de l’Afrique, de l’association HS, mon engagement, celui de ma mère, les orphelins…
Nous parlons des belles histoires qui composent la région dans laquelle nous nous trouvons…des belles histoires et anecdotes de randonneurs …
Minuit…C’est l heure à laquelle tout le monde se couche…
La nuit est douce dans cette belle maison.
Je dors d’une seule traite et je suis le premier à me réveiller le lendemain. Probablement trop pressé de fouler mes premiers pas…
Le petit déjeuner est copieux également. Il faut prendre des forces. Beaucoup de forces.
Les sacs prêts, les embrassades aux parents et nous voilà en route pour ma première ascension dans un beau coin des Pyrénées…
En route, nous nous arrêtons pour faire quelques courses…
Etant donné que nous devions y passer la nuit (une première aussi pour moi), le ravitaillement était important.
Merguez, pain, fruits secs, jus de fruit, eau, tout ce qui aiderait à notre « survie » pendant 2 jours consécutifs et qui augmenterait le poids de nos sacs déjà très chargés.
Plusieurs minutes plus tard, nous arrivons sur les lieux.
Consigne : se nourrir avant de faire les premiers pas, se vêtir convenablement, mettre une pommade de protection solaire et mettre une pommade contre les insectes, un répulsif destiné à éviter de se faire piquer par les taons (mouches impitoyables pouvant faire de sérieux dégâts sur la peau, Poter en avait fait la triste expérience lors d’une précédente ascension).
Ascension Pyrénées 1950m – Juillet 2010
Ça y est…top départ…
Je suis en T shirt avec mon imperméable rouge autour de la taille…pourquoi rouge ?
Car en cas d immobilisation dans un lieu donné à cause d’un accident par exemple, il est nécessaire de porter des vêtements flashy afin d’être visible au loin par les secours…
Ça y est…j’y suis…ce sont mes premiers pas… Je respire doucement, je marche doucement…et dès le départ le paysage est beau, magnifique.
Ciel ensoleillé, notre point de départ se passe dans une foret au sein de laquelle les arbres sont immenses… le chemin est tracé, c est de la pierre. Nous longeons un torrent d’eau qui donne du rythme en musique à cette ascension.
Nous faisons des pauses toutes les 30 minutes environ. Et première entorse aux règles, le chemin habituel qui permet d’accéder rapidement à un plateau se trouvant en hauteur est fermé pour des raisons de travaux. Nous sommes dimanche et le terme « fermé » n’est pas tout à fait adapté car le passage est possible d’autant plus que nous apercevons un couple qui vient de là et qui nous indique que le pont en construction situé un peu plus loin est…franchissable.
Nous prenons le risque.
Les minutes passent, nous apercevons une vingtaine de tentes vidées par leurs occupants habituels, les ouvriers en charge de la construction du pont.
Le fameux pont à traverser apparait alors sous nos yeux. J’éprouve certaines appréhensions à le traverser…
Les minutes passent… le sol est essentiellement de pierres et de terres… nous longeons des torrents d’eau magnifiques, 10 mètres sous nos pieds…
Nous arrivons sur un long plateau…espace vert, chemin tracé, quelques rencontres de randonneurs venus en famille…quelques gros blocs de pierre…paysage similaire aux films historiques tel que Braveheart …
Les minutes continuent à défiler, nous nous engageons sur une pente raide, sol herbeux, dégagé…
L’ascension est rude, les jambes deviennent lourdes…J’ai dut mal à estimer le temps de marche depuis le départ…peut être 3 heures …et à cet instant, je suis loin d imaginer que nous ne sommes pas prêt d’arriver.
En effet, l’objectif, la récompense est l’un des magnifiques lacs situés en hauteurs.
Je suis en pantalon, Poter en bermuda et victime de toutes les bêtes qui piquent et qui altèrent sérieusement sa bonne humeur.
Nous continuons notre chemin…je transpire énormément. Nous multiplions les pauses et nous constatons au fil des mètres que nous parcourons, que nous sommes peut être perdus. Peu importe car Juju est confiante…nous continuons à monter en observant au loin un pic derrière lequel nous soupçonnons se trouver le lac…
Nous puisons dans nos dernières forces avec Juju ouvrant la marche, Poter au mileu et moi derrière, très lent, épuisé.
L’espace est dégagé, offrant beaucoup de visibilité si bien que nous avions parfois quelques centaines de mètres qui nous séparaient.
Une fois arrivés presque au sommet de l’un de ces pics, nous nous posons en raison de la fatigue et les premières inquiétudes apparaissent.
Cela faisait près de 6heures que nous marchions et nous n’entendions plus de court d’eau. Plusieurs réflexions nous laissaient penser que nous nous étions trompés de chemin et qu’il fallait redescendre pour rejoindre le sommet qui était en face de nous. Juju en était persuadée…le lac était là-bas !
1h à 1h30, c est le temps nécessaire qu’il nous fallait pour nous retrouver de l’autre coté.
Motivé comme jamais, je me surpris à faire ma première descente comme une flèche…une descente suivi logiquement d’une autre montée… j’allais vite, incapable de dire d’où me venait ces dernières forces …Je n’avais qu’une envie, me rendre de l’autre coté avec une obsession en tête : atteindre les 2000m pour cette première…
C’est alors queje fut le premier sur les lieux…et au fur et à mesure que je me rapprochais du sommet…le silence me laissait deviner qu’il n y a avait rien d’autre sur le plateau du sommet que de l’herbe et quelques pierres…
Je ne m étais pas trompé…
Arrivé 10minutes avant les autres…ceux-ci très déçus ont estimé qu’il fallait monter notre camp sur place pour continuer à monter le lendemain matin…J’étais épuisé…plus de force, j’avais faim.
J’allais chercher du bois pour le feu dans cette vallée silencieuse.
La nuit arrive vite…il commence à faire froid.
Juju m’aide à monter ma tente qui était à mes yeux un véritable casse tête.
Le feu est vif grâce à Patrick,. Les merguez sont prêtes grâce à Juju.
Je n’aurais jamais apprécié autant du pain, merguez maillonnaise que durant cette nuit.
Epuisé, fatigué, le corps ne répond plus…
Je m’installe dans mon sac de couchage sous la tente…
3 minutes..c est le temps nécessaire pour que je m endorme d’une traite comme un bébé jusqu’au lendemain matin.
Lendemain matin 8 ou 9h…je suis réveillé par des clochettes…beaucoup de clochettes..inquiets que ce soit un troupeau de vaches qui aurait pu créer de sérieux dégâts sur le camp…je sors ma tête de la tente pour voir plusieurs centaines de moutons tentant de passer d’un sommet à l’autre en traversant la vallée dans laquelle nous nous trouvions.
Accompagnés par des chiens de garde, des Patous blancs, le chien du dessin animé Bel et Sébastien, énormes, magnifiques et majestueux.
Accompagnés également de chiens guides, 2 chiens d’Ecosse noirs et blancs dont le rôle est de récupérer et guider les moutons égarés.
Les chiens arrivent…bien qu’ayant beaucoup aboyés à notre vu, s’approchent de nous. Quelques caresses plus tard, ces belles bêtes deviennent rapidement nos amis.
Le berger les accompagnements, se présente à nous, discute, partage avec nous. Il nous fait part que le lieu ou nous venions de dormir était en général le squat d’un ours qui rode dans les parages et que le parcours que nous avions empruntés pour y arriver pouvait cacher quelques vipères.
10h00, j ai un avion à prendre dans l après midi, nous sommes à 1950 mètres…et le berger nous conseille de pas aller plus loin si je ne souhaite pas rater mon avion. Déçu, nous écoutons ses conseils…
L’objectif non atteint pour cette première qui était un fabuleux moment.
Nous entamons notre descente, beaucoup plus rapide que la montée. Je pense déjà à la prochaine car je pense devenir accro.
Leave a reply