Après avoir découvert l’exploit d’Alexandre et Sonia Poussin qui avaient traversé l’Afrique à pieds pendant 3 ans et 3 mois, du sud au nord…Je rêvais de saisir l’opportunité de marcher à leur coté.Le Trekking…une activité qui m’était totalement inconnue il y a encore quelques temps…
Est ce que mes ascensions dans les Alpes auxquelles Stéphane RG m’a initié peuvent être assimilées à des Treks ?
Bonne question…le débat reste ouvert…
Quoiqu’il en soit, il s’agit bien d’un trek, une longue marche, que je souhaitais faire avec ce couple croquant la vie avec une forte dose de folie.2010, les Poussin proposent, à qui le souhaitent, de marcher avec eux dans le désert du Sinaï en Egypte.1 semaine…1 semaine à marcher avec eux, j’imagine dans le silence…à contempler, se ressourcer, se retrouver…Le cout du voyage n’est pas négligeable, cependant je ne m’imagine pas faire de trek dans le désert sans les Poussin.
Très excité à l’idée de partir, je ressens une pointe d’angoisse pendant mes recherches sur l’Égypte.Traverser le désert…
Dormir à la belle étoile dans un pays ou je ne connais personne, c’était angoissant…Mais peu importe, je définis ma vie comme une succession de challenges personnels et de découvertes de mes propres limites.Malheureusement, au dernier moment, je me dois d’annuler ce voyage.
J’envoie un email à Alexandre Poussin en lui souhaitant bon courage pour cette expédition et en espérant pouvoir le rejoindre lors d’un prochain trek de ce type.Le groupe s’en va…sans moi…premier pincement au cœur…Le groupe revient, Alexandre publie les photos sur son blog. En découvrant celles-ci, je suis convaincu que ma place était à leur coté.La date du prochain voyage étant publié…sans réfléchir très longtemps, je m’inscris.Les semaines défilent,je suis pressé,le peuple Égyptien se révolte,le pays s’embrase…Je suis sceptique, anxieux..est-ce une deuxième annulation qui se dessine ?
J’échange par mail avec Alexandre pour avoir son avis.
Il est confiant, du fait que les troubles soient dans les grandes villes, loin du Sinai…Je doute…j’annule…Le groupe s’en va…Sans moi…Ce voyage s’était finalement bien passé. Cependant, après la révolution, le Sinai a été fermé et les Poussin se tournent vers le désert du Maroc pour leurs prochains Treks de groupes.
Le 1er trek du désert du Maroc, prévu en Décembre 2011, je ne peux y participer du fait des fêtes de fin d’année. Cependant, le trek prévu en Mars 2012, je ne peux me permettre de le manquer. Ce sera le dernier d’une longue série avant le départ de la famille Poussin, au complet, pour une marche au Madagascar pour au moins 1 année.
Je contacte Yacine et Stéphane RG, mes compagnons de randonnées, afin de les motiver pour qu’ils vivent avec moi cette expérience unique.
Yacine a un empêchement. Stéphane est de la partie.
Au programme, 1 semaine de marche, 5 heures par jour, au mois de mars…
L’agence de voyage qui prend en charge cet événement, met à notre disposition une liste complète comprenant les éléments dont nous aurons besoin…
La liste suggérait parfois des choses étonnantes…doudoune ou polaire, sac de couchage à -10 degrés…
Est-ce que je m’apprête à un voyage dans le désert ou dans le pôle Nord ?
Je disposais déjà de plusieurs des éléments grâce à mes précédentes randos.
Les courses faites, 2 appareils photos, une caméra en ma possession…je me sentais pret.
Le premier challenge était de réussir à tout insérer dans mes 2 sacs.
1 haut par jour, 3 pantalons, un bermuda et des lingettes imbibés de lotion pour pouvoir se laver sans eau.
Le jour J se rapproche. Stéphane arrive à Paris la veille du départ. C’est l’occasion pour nous de retrouver nos amis Michel R. et sa femme Gaelle, dans un restaurant Coréen à rue St Anne.
Les heures défilent, il se fait tard, il faut que je rentre pour ranger mes dernières affaires…
Minuit, je me couche…
7h je me lève…
Jour J…c’est parti…
Le rdv est donné à 10h15 à Orly.
J’arrive à 9h…le 1er…le contraire m’aurait étonné.
Le tour opérateur censé nous recevoir m’indique qu’il n’est pas au courant du voyage…ça commence mal mais les documents en ma possession me rassurent car ils indiquent bien que je suis au bon endroit.
Je décide de me poser, prendre mon petit déjeuner et observer.
J’observe…j’observe toutes ces personnes munies d’un gros sac à dos de rando qui potentiellement pourraient etre mes compagnons pendant ces 7 prochains jours.
La 1ere personne arrive. Il s’agit de Nathalie, vivant en région parisienne, mère de famille, ayant grandit en Cote d’Ivoire dans sa jeunesse. Je sympathise avec elle tandis qu’un couple nous rejoint. Il s’agit de Daniel et Chantal, couple de médecins. Stéphane arrive à son tour accompagnée de Christine, vivant près de chez Stéphane en Haute Savoie. Le groupe s’agrandit au fur et à mesure… Les barrières sont immédiatement brisées, le cercle s’élargit.
Je n’ai pas le sac à dos le plus gros, cela me rassure.
Puis une tête blonde fait son apparition, il s’agit de Sonia qui nous voit et nous fait un gros sourire et disparait aussitôt…pour aller chercher son mari Alexandre probablement.
Elle revient, Alexandre apparait avec un gros carton.
En me voyant, Sonia crie mon nom avec un large sourire…
Les 2 aventuriers sont rayonnants, accompagnés de leur neveu Dimitri, 14 ans, pour qui ce trek est une première…comme pour nous d’ailleurs…
Le groupe n’est pas vraiment au complet, il y a une annulation pour problèmes personnels et quelques retardataires…nous partons cependant pour l’enregistrement des bagages.
Les formalités sont longues…nous tentons déjà de nous connaitre les uns les autres…d’ou est ce que nous venons ? quel est notre métier ? Voilà les questions qui reviennent le plus…toujours accompagnées de larges sourires de personnes qui se découvrent.
L’avion décolle, c’est parti pour 3h de voyage…
Nous atterrissons à Marrakech…
28 degrés
L’un des chauffeurs nous accueille.
A l’arrivée dans cet aéroport très moderne, nous nous dirigeons tous vers les bureaux de change pour avoir des dirhams, monnaie du pays.
2 bus sont à notre disposition pour nous emmener à l’hotel. Il s’agira des même bus qui nous emmèneront dans le desert le lendemain.
Direction, l’hotel.
La route est très large et bordée de maisons très belles couleur rosée.
Nous arrivons au coeur de la ville. Nous tombons tous sous le charme de Marrakech et ses petites ruelles étroites nous menant à l hotel au sein duquel nous passerons qu’une seule nuit.
Celui-ci est simple, sobre, petit, accueillant et muni d’une cours tel un riad.
Il est 16h, premières consignes d’Alexandre et Sonia pour l’ensemble du groupe…puis quartier libre.
Des petits groupes se forment déjà. Je suis avec Stéphane. nous décidons d’aller au Souk dans un premier temps qui sera suivi de la visite de l’un des palais. Je propose à nos compagnons qui se sentaient seuls de venir avec nous. Clothilde, Nathalie, Chantal, Daniel se joignent à nous.
Nous traversons à nouveau les ruelles étroites bordées de maisons aux briques rouges et roses puis nous faisons face à cette fameuse place centrale donnant accès au souk. Elle est pleine de vie…les piétons, les charmeurs de serpents, les commerçants, les touristes et les mobilettes se cotoient.
Nous nous dirigeons vers le souk et nous nous retrouvons face à notre première rencontre insolite.
Certains de mes compagnons n’ayant pas eut le temps de changer leurs euros en dirhams, je m’empresse de demander au premier venu ou se trouvait le bureau de change le plus proche.
Cet homme, d’une cinquantaine d’années, semblait nous avoir repéré dès notre arrivée.
Je lui demande de nous indiquer la direction d’un bureau de change. Celui-ci nous indique qu’il nous suffit de tourner à gauche puis à droite. Celà me semblait assez simple, donc je ne comprenais pas son besoin de nous suivre.
Le groupe se scinde en 2. J’emmène une partie du groupe au bureau de change tandis que Stéphane reste avec les autres à nous attendre. Notre informateur commence à nous faire prendre des petites ruelles étroites.
Nous ne cessions pas de tourner à gauche, puis à droite…à gauche, puis à droite…
J’arrete le guide en lui demandant ou est ce qu’il nous emmenait…Celui ne cessait de me répéter de ne pas m’inquiéter.
Mais oui je commençais à m’inquiéter à la vue des ruelles sombres, ces jeunes qui nous observaient et qui ressemblaient de moins en moins à des commerçants. Est-ce de la parano ? De l’excès de prudence ? D’autant plus que j’avais demandé à mes compagnons de m’attendre, pour que j’aille vérifier qu’on allait bien là ou on était censé aller…
Le parcours ne s’arretait plus. J’ai arreté d’avancer, j’ai dit « au revoir » et j’ai reculé…
J’ai rejoint mes compagnons, direction la place principale pour échanger quelques euros…
Nous passons devant les charmeurs de serpents, des dresseurs de macaques… Nous rejoignons ensuite le deuxième groupe que nous avions abandonné depuis presque 20 minutes.Stéphane ne nous voyant pas revenir s’était mis à notre recherche. Il nous rejoint ensuite. Le groupe est à nouveau au complet mais pas pour longtemps car je me plonge dans les boutiques du souk aux milles couleurs et milles objets.
Chaque commerçant dépense une énergie folle à me montrer le fond de sa boutique et je dépense la meme energie à les convaincre que je ne suis là que pour regarder…
Les ruelles sont étroites, couvertes…on aperçoit très peu le ciel…
Toutes les nationalités du monde se croisent…
Je prends quelques photos.
1 heure à errer dans le souk…seul…me faisant souvent appeler ‘Obama’.
Je sors du souk, je retrouve certains de mes nouveaux amis sur la place, et beaucoup d’entre eux ne cessent de me répéter « Mais ou étais tu…on a pas arreté de te chercher…? »
L’heure de RDV (18h) à l’hotel approche. Mais je ne peux pas quitter Marrakech sans un défi personnel…
Je veux un serpent autour du cou…
Défi relevé en quelques secondes, une couleuvre que je tiens fierement entre les mains.
Le charmeur de serpent tente de me charmer aussi en voulant me faire payer 5 fois le tarif habituel.
Il négocie,
je résiste,
alors il sort le grand jeu en me mettant un grand serpent dangereux autour du cou.
je ne me défile pas. Il tient celui-ci fermement au niveau de sa tete…
Défi relevé et réussi.
18h, nous retrouvons l’ensemble des compagnons. Nous avons faim. La nuit tombe extremement vite. Alexandre nous invite à aller diner dans l’un des restaurants en plein air situé sur la place principale.
Il y a du monde…
beaucoup de vie…
enormément de couleurs…
de grillades en tout genre.
Nous décidons d’aller au restaurant numéro 100 et au menu, un mélange de tout.
Le repas est extremement bon. C’est l’occasion de passer ensemble un moment convivial, de mieux nous connaitre, de relater nos vies…
Ce repas qui a pour vocation de souder le groupe avant le début de l’aventure est suivi d’une marche nocturne puis d’un thé.
Nous apprecions ce moment, à marcher ensemble, dans un petit groupe car une partie d’entre nous avait fait le choix d’aller au Hamam. L’air est doux, les odeurs sont fortes mais agréables. Mélange de grillades, de légumes, et de sucré (dattes et autres fruits….).
La découverte de Marrakech se termine vers 22h sur l’une des nombreuses terrasses bordant la place….
A nous le sud du Maroc, demain matin….
Jour 2 – Marrakech – Vallée du Draa – Dunes de Tidri
Levé à 7heures du matin heure locale.
Petit déjeuner à 7h30.
Ma nuit a été difficile. Je me réveillais toutes les 2 heures pour des raisons que j’ignore. Tout le monde est réuni autour d’un petit déjeuner composé de tartines, de crepes, de miel, de thé, de café et de confiture.
Il s’agit d’un moment particulier. Nous sommes heureux d’etre ensemble et nous nous préparons psychologiquement à vivre un moment inoubliable pendant 1 semaine…seuls, isolés du monde.
Nous discutons du programme du jour, qui en théorie doit etre composé de 6h de route pour rejoindre le sud du Maroc à proximité de Zagora.
Du fait que nous venons de nous connaitre, personne n’avait remarqué que parmi nous, s’était glissée une inconnue. Il s’agissait d’une dame, venue également au Maroc pour un Trek mais qui s’était trompée de groupe en se melant à nous.
30 minutes…c’est la durée que nous passons ensemble face à ce petit déjeuner copieux.
2 bus, d’une douzaine de places chacun nous attendent à l’éxtérieur. Nous nous scindons à nouveau en deux groupes.
C’est parti…
Les 3 premières heures nous amènent à Ouarzazate. Le payasage entre Marrakech et cette ville est magnifique. Nous ne cessons de monter. Les bus multiplient les zigzags sur la route pour prendre de la hauteur.
Nous sommes entourés de maisons roses, de roches…
Nous faisons une première pause dans un café, pour un thé. Nous y faisons une nouvelle rencontre insolite. Un groupe de cyclistes allemands et hollandais avaient fait le choix de traverser le maroc à vélo. Alexandre avait déjà réalisé ce parcours lors de son tour du monde à vélo il y a plusieurs années.
Après avoir savouré ce bon thé sucré, nous reprenons la route en direction de Ouarzazate…Ville magnifique aux avenues très larges, connue pour ses studios de cinéma ayant servi à de grands films tels que Star Wars ou Gladiator.
Je trouve que cette ville a plus de charme que Marrakech.
C’est à Ouarzazate que Sonia nous apprend que l’un de leurs amis, parti de Dunkerque en France, a entrepris une traversé de l’Afrique à moto et devrait nous rejoindre d’ici quelques heures.
C’est pendant la pause suivante, qu’en effet, un grand homme, sur une grosse moto, habillé d’un gros blouson nous apprend qu’il fait le voyage France –> Afrique du Sud sur sa bécane. Il se laisse près d’1 an pour atteindre son objectif.
Son nom est Luc, 40 ans, célibataire, sans enfant, freelance, qui un jour a décidé de tout claquer pour aller à la rencontre de l’Afrique dont il était tombé amoureux lors d’un voyage quelques années auparavant.
La pause nous fait un grand bien, la route est longue…
Au menu pour le déjeuner, nous avons droit à du pain, poulet, tomates et oignons. Le poulet bien assaisonné nous a permis d’avoir un très bon repas.
Nous reprenons à nouveau la route…
Il est 13 ou 14h….je ne sais pas trop car je commence à perdre la notion du temps.
Sonia s’inquiète…car à l’arrivée, il nous faudra marcher près d’1 heure dans le désert pour arriver au bivouac. A ce rythme et du fait du retard que nous avons prit, nous risquons de marcher dans la nuit.
Les heures défilent…le paysage est beau mais la fatigue commence à se faire sentir…
Sonia anime le voyage grace à ses 1000 histoires et anecdotes.
Il est 17h30, nous sommes exténués mais pressés de commencer notre marche. Suite à ces 8heures de route, immobilisés…il nous faut nous dégourdir les jambes.
Nous arrivons…enfin…
accueillis par des chameaux et leurs chameuliers qui auront la responsabilité de transporter nos gros sacs.
Ces chameuliers sont de jeunes hommes vetis des tenues traditionnelles des touaregs de la région…ces fameuses tuniques bleues…
Les chameaux sont impressionnants, imposants. Ils ne renvoient pas la meme image que les chameaux dans un zoo.
Luc est également avec nous. Il nous a rejoint. Alexandre lui conseille de confier sa moto aux villageois car le camp est à 1h30 de marche. Mais Luc en a décidé autrement et tente de nous suivre sur sa moto malgré le sable.
La marche commence, la nuit tombera dans quelques minutes…c’est d’ailleurs à ce moment que je me rends compte à quel point les nuits tombent vite dans cette région du monde. Près de 20 minutes après notre départ, 1ere situation insolite de cette aventure… La moto de Luc est embourbée, il nous restait près de 30 minutes de marche, la nuit allait tomber.
Que faire ?
Luc et Alexandre restent calmes et évoquent la meilleure solution.
Les femmes et les chameuliers continuent d’avancer afin de monter le campement. Les hommes restent pour soulever la bécane. Sa moto destinée à parcourir le continent Africain est extremement lourde. Luc desosse alors son dinosaure pour que nous puissions la soulever plus facilement.
Nous sommes 8 à soulever la moto qu’il nous faut déplacer sur près d’une centaine de mètres.
Nous soulevons,
nous transportons…
Alexandre crie « Attention aux accassias, ça…ça tue ! ».
Il s’agit d’une plante avec des épines qui effectivement était sur notre passage…
La moto étant sortie d’affaire, il nous fallait ensuite la cacher. Il n’était pas possible de l’emmener jusqu’au camp et Luc tenait absolument à passer la soirée avec nous.
Nous reprenons notre marche. Il fait nuit noir.
Notre trek commence officiellement.
Tout le monde dispose d’une lampe frontale…sauf moi…Cet accessoire n’était pas sur la liste et je m’en veux à cet instant de ne pas y avoir pensé par moi-même.
Durant notre marche, je m’interroge sur la capacité à notre guide à retrouver le bivouac dans ce noir profond.
Je m’interroge aussi sur la capacité de Luc à retrouver son chemin quand il retournera à sa moto…
Cette marche est calme, paisible, elle se fait en silence avec mes 7 compagnons du moment.
Nous nous suivons les uns les autres.
Nous apercevons une lumière derrière nous après 10 minutes de marche.
Le guide s’arrête, s’inquiète…est ce que la moto derrière nous risque d’être découverte par des personnes mal intentionnées ?
Nous observons cette lampe…au loin…
Le guide crie en arabe afin que la personne qui tenait cette lampe s’identifie…
Pas de réponse…
Il crie encore…
Pas de réponse…
La lampe de cet inconnu clignote…
…qui est-ce ?
La lampe se rapproche…puis une réponse…
il s’agissait de l’un de nos chameuliers retardataires…
Rassurés, nous continuons notre marche, toujours dans cette meme ambiance sereine.
La marche s’achève 20 minutes plus tard environ. Nous sommes accueillis par des lampes qui clignotent…
Le bivouac est mis en place. Il est agréable à regarder. La vie de ces 25 aventuriers perdus au milieu de nul part…cet endroit entouré de sable…commence enfin.
Nous sommes une communauté,
un groupe…
il y a le reste du monde…et il y a nous…
il y a les autres…et il y a moi…
Moi en tant qu’individu unique dans ce monde. Un ‘Moi’ conscient de son unicité, comme chaque etre humain et conscient également que la présence des autres est une nécessité dans cet espace sublime mais qui peut s’avérer hostile…Car ici, l’individu n’est rien sans les autres…Le mot solidarité prend tout son sens et j’aurai 1 semaine pour m’en rendre compte.
Il y a 12 tentes de 2 places chacune et une tente en guise de cuisine. Une grande tente nous servira de salle à manger.
Nous sommes fatigués en raison de ce long voyage en bus.
Chacun choisit sa tente et nous attendons avec patience le diner.
Il ne fait pas trop tard. Je porte une chemise et une polaire car la température a baissé. Je discute avec Luc. Nous évoquons ses choix de vie, son challenge, l’Afrique, sa motivation à relever un tel défi personnel.
Puis le thé arrive.
Célèbre thé marocain…si bon…
Un concert s’improvise, animé par notre guide, Abdel Atif (l’homme aux chaussons roses) et les chameuliers, pendant que le cuisinier et ses commis préparent le repas.
Le fameux repas que nous attendions tous arrive enfin.
Nous sommes tous réunis sous la grande tente.
Il est vrai qu’à cet instant, je ne connais pas encore les noms de tous mes compagnons…mais cela devrait venir rapidement.
Dans le groupe, il y a 4 couples, 2 frères, 2 amis (Stephane et moi), 10 hommes, 13 femmes, les Poussin, Luc et ceux qui nous accompagnent.
Le repas est composé de pommes de terre, de viande d’agneau et est magnifiquement bon.
La soirée se passe bien. Personne ne reste seul dans son coin. La nuit se termine vers minuit. Nous remercions longuement le cuisinier et son équipe.
Il est temps d’aller dormir…
après une journée qui annonce une semaine sublime…
Jour 3 – Dunes de Tidri – Erg Sahel
Il est 5h30 du matin, ma nuit a été difficile car je me réveillais à nouveau toutes les 2 heures.
Il fait nuit noir. J’ai plusieurs fois été gêné par les bruits faits par la tente à l’extérieur pensant qu’il s’agissait d’animaux.
Il fait sombre et frais. Le silence règne. Il est temps pour moi d’aller prendre ma toilette.
Je suis le premier réveillé.
Ma toilette faite, je n’ai pas envie de me rendormir. Je décide de me mettre au sommet d’une dune, seul, afin d’assister au lever du soleil.
Luc se réveille, et s’en va…nous nous disons au revoir. Il avait tellement passé une bonne soirée avec nous qu’il avait décidé de rester.
Le camp se réveille petit à petit. Beaucoup ont passé une excellente nuit.
La température durant la nuit était douce sous la tente. Un sac de couchage et un t-shirt étaient largement suffisants pour dormir. Une polaire aurait été de trop.
Chacun de mes compagnons s’éloigne pour aller prendre sa toilette.
Alexandre, une fois réveillé, toujours en pyjama se met à courir au sommet d’une dune afin d’observer le départ de Luc sur sa moto.
Le soleil se lève petit à petit…
La lumière, les couleurs sont apaisantes…
plusieurs de mes compagnons montent en haut des dunes pour observer l’horizon.
Il est vrai que la veille, nous étions arrivés de nuit. Il nous était donc impossible d’apprécier ce que ce désert avait à nous offrir.
Notre premier petit déjeuner dans le désert est pret. Il est composé de tartines, de confiture, de fromage kiri, de miel, thé, café, chocolat…
Alexandre nous fait la promotion de l’une de ses découvertes lors de ses précédents treks en Egypte…la tartine miel kiri. Il nous invite gentillement à en faire l’expérience. Je décide de faire le test une prochaine fois.
Le petit déjeuner offert est complet mais je commets l’erreur de ne prendre qu’une tartine et rien d’autre.
Je le regretterai plus tard car j’aurai déjà très faim vers 11h
Une fois le petit déjeuner terminé, nous nous préparons à partir.
Nous réunissons nos affaires composées de gourdes d’eau minéral, médicaments, tablettes énergétiques, appareils photos…
Alexandre nous réunit tous au sommet d’une dune.
Nous formons un cercle. Nous sommes silencieux. Nous l’écoutons.
Il nous présente le programme de la journée. Il nous indique que la prochaine heure sera la plus difficile du trek du fait d’une ascension suivie d’une marche au plus pret d’une sorte de ravin.
Il nous donne la consigne de marcher en silence, de ne pas parler. J’ai aimé ce rappel qui semblait ne choquer personne.
Nous sommes calmes, concentrés, impatients de pouvoir commencer.
Nous observons la direction que nous devons prendre et l’ascension qui nous attend.
Nous y sommes…le groupe se met en marche…Stéphane et moi sommes motivés pour cette nouvelle aventure
Le parcours commence par du plat, sable, cailloux, arbustes …
L’horizon est dominé par une montagne.
Nous marchons dans le silence en ligne droite.
Au pied de la montagne se trouve notre première grande dune.
Elle est raide, avec un angle à 30 degrés. Les plus agés parmi nous éprouvent certaines difficultés à la parcourir.
Une fois au sommet de la dune, il nous faut aborder la falaise. Alexandre insiste sur le fait qu’en longeant la montagne, il nous faut etre extremement concentrés car un simple décalage de 20cm sur la gauche..et c’est la mort qui nous attend.
30 minutes plus tard…mission accomplie.
Tout le monde est là sain et sauf.
La marche continue…dans le calme…
Nous sommes tous étonnés de la variété des paysages…désert, dunes, sables, roches, arbres.
J’ai chaud. Je me sens bien physiquement et mentalement.
Nous marchons à proximité de la frontière algérienne que nous ne pouvons pas franchir.
Il est midi, nous marchons le long d’une rivière. Les matelas sont installés. Le repas nous attend et nous nous reposons.
Au menu, des tomates en entrée et des pates en plat de résistance. Chacun livre ses premières impressions quant à ce début de marche. Ce repas est suivi d’une longue sieste pour certains et d’une baignade dans la rivière pour les autres.
Cette pause aura duré près de 3 heures. Nous décidons ensuite de repartir pour une très longue marche qui nous conduira directement au bivouac. La marche dure entre 1h30 et 2h…Elle m’offre à nouveau un paysage totalement inédit. Il s’agit d’un espace totalement plat constitué de millions de pierres et de sable. L’espace me donne l’impression de marcher sur une autre planète.
La marche est difficile, longue, il fait chaud…
J’ai l’impression de marcher continuellement sans arriver au bout…
A l’arrivée, nous sommes accueillis par de belles dunes…Il s’agit d’une introduction à la marche du lendemain.
Stéphane est devant…
Je suis en deuxième position
Le guide a totalement disparu de notre champ de vision et Stéphane s’inquiète. En effet, nous suivions les chameuliers peut etre par erreur. Car les guides et les chameuliers prenaient rarement les meme chemins durant nos marches.
Stéphane commence à culpabiliser d’avoir peut etre mené le groupe dans la mauvaise direction. Les autres compagnons sont derrières. Nous ne marchons pas en ligne droite. Entre 1 et 2km nous sépare de la personne qui ferme la marche. Nous sommes éparpillés.
Je rassure Stéphane en lui indiquant que je n’avais pas vu le guide passer devant nous après que nous l’ayons dépassé.
Nous nous arretons et attendons le reste du groupe. Belle occasion pour faire une pause largement méritée.
Le groupe s’agrandit de plus en plus et nous apercevons le guide arriver derrière nous en pleine discussion avec l’un des compagnons. Nous sommes rassurés, nous reprenons notre marche.
Nous arrivons à destination 30 minutes plus tard.
L’espace qui nous accueille est absolument magnifique. Le bivouac est au pied d’une dune gigantesque et magnifique.
Tout l’espace est composé de dunes, aucun arbre et nous comprenons tous qu’il faudra faire preuve d’astuce pour trouver des ‘toilettes’ discrètes.
Beaucoup d’entre nous, fatigués, puisent dans leurs dernières forces pour grimper le sommet de la dune immense et apprécier l’instant présent dans cet espace infini.
A cet instant, il y a nous et il y a le reste du monde.
Je les rejoins.
Le temps s’arrete. Le lieu est paisible. Nous sommes heureux d’etre ensemble.
Nous nous lançons quelques défis tel que le saut de l’ange dans une mer de sable depuis le haut de la dune.
5 d’entre nous relèvent le défi dont Didi, du haut de ses 14 ans. Chacun saute avec son style qui lui est propre.
Nous nous lançons quelques défis tel que le saut de l’ange dans une mer de sable depuis le haut de la dune.
5 d’entre nous relèvent le défi dont Didi, du haut de ses 14 ans. Chacun saute avec son style qui lui est propre.
C’est l’heure du thé…nous l’apprécions toujours autant.
La soirée se termine par de belles rigolades, des discussions conviviales, l’observation des étoiles et pour moi, un saignement de nez. L’irritation des narrines du fait de la poussière, la chaleur et un fort éternument…ce cocktail m’aura été fatale.
Le sang ne cesse de couler, Daniel l’un des medecins vient à mon secours…
Le saignement cesse…
La journée s’achève de la plus belle des manières.
Jour 4 – Erg Sahel – Erg Regabi Hniti
J’ai bien dormi…enfin…la fatigue accumulée doit y etre pour quelque chose.
Je me lève le 1er à nouveau. Cette nuit a été plus fraiche que la veille.
Le camp se lève de très bonne humeur et chacun prépare ses affaires…
Après le petit déjeuner, Alexandre nous réunit à nouveau au sommet de la grande dune.
Il nous invite à nous isoler totalement les uns des autres pendant la prochaine marche. Celle-ci sera absolument sublime. C’est la première plongée dans un océan de dunes.
Aucune pierre
Aucun arbre
Aucune herbe
Juste du sable à perte de vue …et nous…
Alexandre souhaite que nous plongions dans une profonde réflexion en nous éloignant les uns des autres.
Cette marche parait angoissante mais il est évident que c’est celle que beaucoup d’entre nous attendaient…
Elle est là…enfin. Plongés dans un vide absolu…c’est ce qui nous attend.
Le soleil tape fort, le ciel est bleu, il y a un vent agréable et rafraichissant.
Nous commençons notre marche en respectons les consignes…
au début en file indienne…cette ligne sera vite éclatée.
Seul, isolé, apercevant de temps en tant l’un de mes compagnons au loin…
un compagnon sur ma gauche en haut…
un compagnon sur ma droite en bas…
La photographie est magnifique.
Je me sens bien…
Je me vide l’esprit…seul…au milieu de nul part…
A cet instant, chacun d’entre nous est très vulnérable. Je m’assure toutes les 10 minutes qu’Alexandre ou l’un des guides est toujours dans mon champ de vision…
A l’issue de la marche, nous arrivons dans une immense vallée dominée par des dunes.
Des dunes servant de cimetierre. Des tombes énormes qui selon le guide abriteraient 1 ou plusieurs personnes de la meme famille.
De manière dispersée, nous arrivons tous les uns après les autres.
Nous entourons le guide qui nous compte l’histoire de cette vallée et les populations qui y auraient vécu.
Selon les historiens, cet espace était auparavant un espace vert, gorgé d’eau.
Nous continuons notre marche après cette première pause, vers la prochaine étape.
Le parcours est composé de dunes et de pierres.
La marche dure entre 1h et 1h30 et aboutit à un arbre, unique, seul, assez grand pour fournir de l’ombre à l’ensemble du groupe.
Cet endroit est réservé à notre repas et notre sieste.
Il fait très chaud, ce qui m’empeche de dormir. Je me rapproche alors de notre guide Abdel Atif qui s était éloigné pour jouer quelques notes de musique. Pauline, Victor, Emmanuel ne dorment pas non plus et sont à ses cotés. Je les rejoins pour apprécier moi aussi de cette berceuse.
Les minutes défilent…les uns et les autres se réveillent…
Il nous faut repartir. Alexandre nous indique que le lieu du bivouac de la soirée est un lieu magnifique…
Nous marchons,
nous marchons longtemps…
cette marche, dans les conditions du désert du Sahara, me semble interminable.
Elle dure près de 2 heures dans un environnement plat et composé de pierres.
Plusieurs de mes compagnons dont Stéphane en ramassent. Les plus belles, les plus magnifiques.
Je m’étonne d’etre pris par la meme envie. Il ne s’agit pas uniquement de conserver un souvenir, certaines de ces pierres me semblent uniques et je ne peux m’empecher de les prendre avec moi.
Nous arrivons au bivouac. Celui-ci est effectivement très beau.
Il s’agit du 2ème jour de marche. Je suis épuisé. Il me reste cependant un peu d’energie pour me changer et aller jouer au foot avec mes compagnons et les chameuliers. Tandis que d’autres se réunissent pour discuter des pierres qu’ils ont ramassé ou bien encore pour papoter…
Avant d’attaquer le repas, un gouter tardif (car il doit etre 19h) nous est servi. Du miel, des crepes, du thé….Je savoure ces bon repas en ne me privant pas. Je me sers…et je me sers à nouveau.
Nous sommes tous ensemble, réunis, heureux d’etre ensemble et profitant de l’instant présent.
La nuit tombe vite. Nous nous réunissons tous autour du feu fait par les bédouins. Le moment est agréable et une surprise nous attend. Hamou, l’un des bédouins chameuliers, aux compétences multiples, se met à préparer du pain sous nos yeux de A à Z.
Il prépare la pate,
déplace le bois du feu pour laisser un espace plat sur lequel se trouver des cendres…
enroule sa pate…
la place sur les cendres…
couvre sa pate de cendres et sable..
La pate gonfle à vu d’oeil.
10 minutes plus tard, un pain chaud, parfaitement nettoyé des grains de sable, nous est offert.
Il est bon et nous remercions l’artiste tous en coeur.
Ces remerciements vont se transformer en chants..les bédouins réalisent un concert festif dont ils ont le secret.
Tous autour du feu…ça chante…ça danse…le moment est magique….tout le monde se sent bien.
Plus tard, le repas est agréable comme depuis le début de cette aventure.
Il est temps d’aller dormir. Je saigne à nouveau du nez, mais moins que la veille.
Au réveil, Daniel viendra à nouveau à mon secours…
Jour 5 – Regabi Hniti – Ras Rich
Le jour 5 est le jour le plus beau de cette aventure malgré qu’il ait commencé par une fièvre et sentiment de fatigue.
Daniel et Pauline me rassurent et me suggèrent un doliprane.
Dans ce groupe de 25 personnes, nous avions 2 médecins généralistes (Daniel et Chantal), 1 chirurgien (Gilles), 1 cancerologue (Pauline), 1 infirmière (Vivie).
Nous étions donc tous très rassurés.
La marche du jour commence par des dunes. Ces dunes sont différentes de celles de la veille car elles ne sont pas uniquement composées de sable. En effet, nous apercevons également des tamaris. Des arbres se mariant parfaitement avec ces dunes.
Je ferme la marche du fait de ma fatigue. Vivie est à mes cotés et veille sur moi.
Sonia nous avait annoncé une pluie, c’est une tempete de sable qui finalement se profile. Nous marchons en ligne droite cependant, les distances entre les uns et les autres sont importantes. Il nous faut nous rapprocher au plus vite, car la tempete ne nous permet plus de voir clairement au delà de 50 mètres et efface rapidement les traces.
Décrocher du groupe est très dangereux.
Ce vent, ce sable, ces dunes, ces vagues formées par des poussières de sable sous nos pieds…notre marche est une lutte contre la nature…contre le désert imposant…
Et paradoxalement, nous écoutons une véritable poésie. Cet instant précis…peu de personnes dans le monde ont pu en etre les témoins. Il ne s’agit pas d’une tempete de sable brutale, vide, froide, agressive…
Celle que nous vivons est agréable à vivre malgré l’effort physique. Les couleurs, les sons, le mariage du ciel et de la terre, la résistance des tamaris, la solidarité entre nous…cet instant ne se décrit pas…il se vit. A l’issue de cette marche, nous avions tous pour la plupart fortement apprecié ce moment particulier.
Nous veillons les uns sur les autres.
Sonia s’arrete pour s’assurer que personne ne manque dans le groupe.
Je la rejoins. Nous continuons alors notre marche, tous les 2. Nous affrontons cette tempete qui n’est pas prete de s’arreter. J’apprécie particulièrement cet échange…Sonia partage avec moi ses milles histoires sur l’Afrique…et elle reçoit de moi mes milles questions sur le continent et sur son expérience de vie.
La tempete se calme…La berceuse prend fin…
Nous arrivons à la pause. Tout le monde est là. Personne ne s’est égaré.
Après la pause, nous faisons face à un nouvel environnement. Le sol est rempli de pierres couvertes de sel. Il s’agit d’un ancien cours d’eau asséché.
Cette rivière invisible est bordée de plaques de terre.J’aime ce contraste frappant entre 2 sols, l’un à coté de l’autre…
Notre marche continue, la tempete se lève à nouveau, puis apparait sous nos yeux un magnifique village très ancien.
L’architecture est sublime et pleine de charme.
Nous sommes au bout du Maroc selon Alexandre.
La tempete nous empeche d’aller plus loin et change notre programme.
C’est dans ce village qu’Alex avait rencontré un petit garçon lors de son précédent Trek et à qui il avait promit de revenir pour lui offrir un ballon de foot.
Le football…sport universel qui dépasse les frontières…
Nous sommes au pied d’un arbre avant de rejoindre une maison dans le village pour pouvoir y déjeuner.
Ma fièvre est tombée. Je me sens mieux mais un peu faible.
La maison qui nous est accordée par l’un des responsables du village est une maison abandonnée. Nous nous reposons dans un espace qui ne dispose pas de toit.
Les maisons sont belles, la verdure est incroyable.
Nous formons un cercle à l’abri du vent.
Nous sommes bien, profitons de l’instant présent.
Il n’y a plus de viande durant les repas depuis 2 jours. Le cuisinier nous prépare une bonne salade et du riz.
Nous discutons…
Nous rigolons…
2 ou 3 personnes sont malades ce jour là…
Pas de sieste, nous reprenons vite notre marche.
Très rapidement nous faisons face à un panneau censé nous dissuader d’aller plus loin…
Nous avançons…
quelques centaines de mètres plus loin…Sonia marche à quelques centimètres d’une vipère.
Celle-ci est très dangereuse. Alexandre nous informe qu’il est rare de les voir de jour car elles chassent la nuit en général.
Une piqure de vipere de la région se termine immédiatement par l’hopital suivi d’un rapatriement.
Les chameuliers nous devancent…Ils n’avaient pas vu le serpent…dans le cas contraire, ils l’auraient éliminé sans hésitation.
Dans le groupe…c’est Daniel qui s’en charge..aidé par l’un des guides…
La marche continue…
Puis mes yeux se mettent à briller, éblouis par le spectable sublime qui se dresse sous nos yeux.
Les dunes sont cette fois dominées par des arbres.
Ces arbres épousent parfaitement le sable. Les dunes et les arbres ne font qu’un..
Le moment est agréable, je vais mieux et je suis émerveillé à la vue de ce qui suit…
Une véritable palmeraie…
Tel un oasis sorti tout droit des films mythiques situés dans le désert du Sahara.
Le lieu est parfait. Aucune fausse note dans son esthétisme.
Je reste un moment dans cet espace qui n’existe nul part ailleurs, afin de m’évader, réfléchir…
Mais les belles choses ont une fin…
Il me faut continuer.
La marche s’achève bientot. Elle se conclut par un espace totalement plat puis des magnifiques dunes qui accueillent notre bivouac.
La nuit approche…
Jour 6 – Ras Rich – Ennakhil – Erg Sidi Bousnina
Il s’agit de l’avant dernier jour de marche.
Je me sens mieux que la veille. Tout le monde se réveille, se prépare. Le petit déjeuner réunit tout le monde.
Pour attaquer la journée et mesurer ma capacité physique dans des conditions extrèmes…un peu de capoeira dans le desert du Sahara me semble etre un bon test. Le sable est mou, les appuis sont difficiles mais les sensations restent bonnes.
C’est le moment du départ…à 500 mètres, nous rencontrons sur notre chemin un bivouac fixe. Cet endroit est plein de charme.
Nous retrouvons un espace pour le feu…
un autre pour le thé…
un autre pour le diner…
un coin cuisine…
des tentes pour dormir…
et un petit jardin.
Nous reprenons notre chemin. Nous sommes plongés dans un environnement mélangé de dunes et de plat.
Après le déjeuner du jour…je me retrouve sur le dos d’un dromadaire pour une distance de quelques kilomètres. Je ne pouvais pas me permettre d’affronter le desert sans vivre cette expérience.
Ma position sur l’animal est stable malgré les quelques descentes et quelques montées.
Je descends du dromadaire pour le reste de l’après midi.
Ce sera l’occasion pour moi de marcher aux cotés d’Alexandre.
Ensemble, nous brisons le silence et refaisons le monde. Nous évoquons tous les sujets aussi passionnants les uns que les autres…l’Afrique…la politique…et d’autres sujets plus graves…aucun tabou…nous échangeons avec passion nos points de vue.
Je me rends compte qu’Alex et moi avons la meme manie…nous parlons beaucoup avec les mains quand nous abordons un sujet qui nous habite ou lorsque nous souhaitons défendre notre position…
Assister à une discussion entre Alexandre et moi, c’est comme assister à une prestation de marionnettistes dont les mains ne tiennent pas en place.
Cette marche m’a permis de mieux connaitre cet homme que j’admire tant et que je trouve très proche de moi dans sa vision de la vie, son langage…
Nous arrivons au bivouac…cette discussion a fait défiler le temps trop vite…je regrette qu’elle n’ait pu durer plus longtemps…
Nous sommes au bivouac…la nuit tombe…je suis fatigué…il ne reste plus qu’un jour de marche…
Jour 7 – M’Hamid – Ouled Driss
La fin est proche…
cela fait 7 jours que nous sommes au Maroc, ce jour sera le 5ème jour de marche…le dernier…
Le réveil est dur pour certains du fait de l’accumulation de la fatigue.
Nous sommes tous heureux d’etre arrivés au bout bien que certains auraient préféré que l’aventure se prolonge encore quelques jours…
Au réveil, certains sont malades.
Petit déjeuner habituel durant lequel une présentation du programme de la journée est faite.
Nous affrontons à nouveau une tempete lors de cette première partie de marche.
Durant tout le séjour, un jour de marche se faisait en 3 étapes.
La première du matin….puis la deuxième après la pause…et enfin la troisième après le déjeuner et la sieste qui nous mène directement au bivouac.
Chaque jour était rythmé ainsi.
La marche d’aujourd’hui déroge légèrement à la règle car c’est la dernière et Alexandre nous indique que ce soir, nous ne dormirons pas au bivouac mais dans un camping dans un village.
Ce moment est encore une fois spécial…magique…la tempete était différente de la précédente.
Nous avions l’impression de traverser un tableau…une oeuvre d’art…nous étions presque tous unanimes là dessus.
Le ciel était gris…
Il pleuvait..
Des vagues de sable voyageaient sur le sol…
le vent soufflait fort et rendait toute parole ou tout cri inaudible…
Cette marche a été belle pour beaucoup d’entre nous.
Elle s’achève après une première pause de quelques minutes.
A cet instant, nous n’avions pas encore remarqué que l’un d’entre nous manquait à l’appel…
nous continuons.
L’environnement change à nouveau…le vent s’est calmé, il fait chaud…
Notre marche est différente de la précédente…Dunes…tamaris…
Je fais parti de ceux qui ferment la marche. La distance entre le premier de la fil et moi-meme entre 1 et 2 km…diffile à dire…
Aglae est devant moi et ramasse des déchets afin de nettoyer le desert. Jusqu’à présent, c’est Raynald qui accomplissait cette tache depuis 2 jours. Les bouteilles vides étaient cependant rares. Matthieu avait prit exemple sur Raynald et s’était également mis à ramasser les quelques déchets…Cependant, aujourd’hui, je sens la proximité de l’homme car les déchets sont beaucoup plus nombreux.
Nous ressentons tous un pincement au coeur car le desert nous offrait un spectable magnifique et pur.
Nous trouvions tous désolant de le voir souillé de cette manière.
Tout le monde est réunit devant moi…ils sont à 500 mètres…et à cet instant, je suis surpris…
surpris de sentir l’odeur des dattes et des cacahuètes offerts quotidiennement par Abdel Atif le temps des pauses…
L’air est si pur ici que les odeurs particulières sont perceptibles à plusieurs centaines de mètres…
Au moment de la pause…nous constatons enfin que Matthieu n’est pas à nos cotés.
Nous attendons…
nous attendons encore…
Matthieu ne vient pas…
Alexandre monte au sommet d’une dune.
Abdel Atif et Lahcen, les deux guides, se mettent à courir pour tenter de le trouver.
Je note à cet instant qu’ils courent en conservant leur sac à dos. Abdel Atif m’expliquera plus tard que le sac à dos est une absolue nécessité en cas de perte d’un membre du groupe car il contient de l’eau, à manger, etc…et permet ainsi d’assurer les premiers secours…au cas ou…
Alexandre aperçoit une forme humaine à plusieurs centaines de mètres…Lahcen va à la rencontre de cette personne et nous espérons tous qu’il s’agit de Matthieu..
Entre nous…nous tentons tous d’analyser le moment ou nous avions perdu Matthieu de vue…
Nous arrivons tous à la conclusion que du fait de son activité de ramassage de déchets, il avait peut etre manqué d’attention et aurait perdu le reste du groupe…Lahcen arrive au niveau de l’individu qu’Alexandre avait aperçu…ce n’est pas Matthieu…
A cet instant…c’est l’alerte…nous sommes plusieurs à nous déployer sur des sommets de dunes de manière très espacée afin de couvrir une large superficie. Nous choisissons chacun une dune élevée afin de nous rendre visible au loin.
Certains crient le nom de Matthieu…d’autres sifflent…
toujours rien…
Gilles suggère à Emmanuel, le frère de Matthieu, de prendre son téléphone portable et d’appeler….
Du fait de la proximité du village ou nous nous rendons…le village de Driss, nous captons un réseau.
Emmanuel, vivant en espagne était abonné chez un opérateur espagnol..
Matthieu étant abonné chez un opérateur français…
et nous étions au Maroc…
Dieu seul sait le chemin que cet appel a prit pour aboutir…car oui, malgré ce schéma un peu tordu…l’appel aboutit…
Matthieu décroche…
En bonne santé, de bonne humeur comme toujours…il nous annonce que suite à la perte de notre piste…il s’était dirigé vers une parlmeraie à proximité d’un village.
Matthieu avait perdu notre trace entre 30 et 45 minutes après notre départ ce matin.
Son initiative de rejoindre un village était la bonne.
Jusqu’à présent, aucun village, aucune trace de l’homme n’était visible. Mais nous sommes au 7ème jour…heureusement pour Matthieu…notre marche du jour nous permettait d’apercevoir la vie…au loin.
Il va bien…il ne rejoindra pas dans l’immédiat mais directement au camping, ce soir, qui se situait à 6km de l’endroit ou il se trouvait.
Un taxi lui permettra de faire le parcours rapidement.
Il est temps de continuer notre marche jusqu’au déjeuner.
Je marche avec Aglae et Sylvie avec qui nous avons une discussion passionnée sur les religions.
Nous fermons la marche et à notre arrivée, tout le monde nous attendait.
Nous sommes fatigués. Le déjeuner nous fait du bien.
Pas de sieste aujourd’hui, Alexandre souhaite que nous repartions rapidement afin d’avoir le temps de visiter la casba de Driss.
La fin se dessine…
La dernière marche est un mélange de sentiments différents…joie, nostalgie, pincement au coeur, fatigue…
Nous approchons peu à peu du village…
Les premiers poteaux electriques sont visibles.
Nous arrivons à Driss.
Notre arrivée dans la ville est comparable à un voyage dans le temps. L’architecture du 17ème siècle a été parfaitement préservée.
Je suis accueilli par des enfants très beaux qui me reçoivent en me passant le Salam, en me donnant leur plus beau sourire et en m’appelant ‘le Sénégalais’.
A Marrakech, je suis Américain (Obama) et au sud du Maroc, je suis Sénégalais…
interessant…
Je suis en tete de groupe…j’en profite pour aller acheter 2 bouteilles de coca bien fraiches que je partage avec tout le groupe.
Il est amusant de voir comment ce coca frais nous rend tous heureux. A cet instant, nous vivons et nous ressentons pleinnement cette sensation qu’on appelle Coke. J’en prends conscience grace à tous ces remerciements que mes nombreux compagnons m’adressent… Jaimais on ne m’avait remercié ainsi après avoir offert du coca.
Notre visite de la ville commence par la visite d’un musée qui servait de maison au maire de la ville. Celle-ci appartenait à la meme famille depuis des sa construction.
Elle dispose d’une cours très reposante, d’un certain nombre de chambres, d’une salle de prière, d’une pièce pour conserver des dattes dans d’immenses jarres enfouies dans le sol.
La maison comprenait également un grand nombre d’objets de toute beauté.
Matthieu, l’égaré du jour, nous rejoint dans un tonnerre d’applaudissements.
Nous rejoignons ensuite les différentes ruelles couvertes de la casba. Elles sont étroites, obscures, calmes…par moment, je croise une femme, assise, couverte de noir, silencieuse…moment angoissant. Une ombre noir et silencieuse dans une ruelle non éclairée…
La soirée, le séjour, l’aventure se terminent.
Nous arrivons au camping. C’est l’occasion pour chacun d’entre nous de prendre une bonne douche.
Au programme, départ en bus pour Marrakech à 2heures du matin.
Les cuisiniers nous font une belle surprise…un poulet frites…nous sommes dans une belle salle tous réunis à la meme table.
La veille, plusieurs de mes compagnons avaient écrit une chanson sur l’air de la ballade des gens heureux…
Nous avons réunit tous les bédouins dans une salle…et tous en coeur…l’ensemble du groupe se met à chanter.
Les bédouins ne s’y attendaient pas, et bien qu’ils ne comprenaient pas toutes les paroles…leur sourire était le reflet de leur bonne humeur.
Notre chanson terminée, c’est au tour des bédouins de nous faire profiter une dernière fois d’un concert privé avec 2 chansons de leur répertoire, véritable hits berbères.
La soirée approche de la fin…j’emmène mes compagnons pour une dernière expédition nocture dans une boutique d’art située à 100 mètres. Nous sommes 19, il est 23 heures passée…2 commerçants nous reçoivent. Ceux-ci sont extremement durs en affaire. Certains d’entre nous effectuent quelques achats. En ce qui me concerne, je repars de là avec 2 petits fusils en bois berbères.
3h du matin…nous avons 1 heure de retard, Matthieu, Vivie et moi-meme n’avons pas dormi.
Je dormirai dans le bus…
Jour 8 – Ouled Driss – Ouarzazate – Marrakech – Paris
Nous prenons notre bus vers 3 heures du matin.
Direction Marrakech. Il m’arrive de dormir ce qui m’aura permis de voir défiler ce voyage plus rapidement.
Nous faisons quelques pauses sur le chemin et arrivons à Marrakech 6 ou 7 heures plus tard.
L’aventure prend fin…
Nous sommes fatigués.
Nous prenons l’avion rapidement pour une arrivée à Orly 3 heures plus tard…
Nous y sommes…le moment de la séparation…
émouvant…difficile…
Certains, hommes ou femmes, n’arrivent pas à retenir leurs larmes.
Une dernière photo pour immortaliser notre groupe ayant vécu pendant une semaine un moment de découverte et de vérité.
Mes compagnons de routes durant cette semaine étaient
- Stéphane RG
- Alexandre et Sonia Poussin
- Pauline & Gilles
- Victor
- Didi
- Vivie
- Matthieu & Emmanuel
- Pierre Antoine & Delphine
- Aglae
- Sylvie
- Françoise
- Nathalie
- Daniel et Chantal
- Catherine
- Raynald & Elisabeth
- Marine
- Christine
- Chlotilde
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