Nous sommes en Novembre 2010,
c’est la 5ème ascension en montagne en ce mois de novembre.
Je suis avec Yacine qui se joint à moi pour cette expédition de l’année prochaine.
Nous rejoignons Stéphane à Bourg St Maurice pour une ascension près des glaciers.
Il est vendredi soir, après le boulot, nous arrivons à Annecy tard dans la nuit.
Direction Bourg St Maurice…durée du trajet…plus d’1 heure.
Dans la voiture, Stéphane nous parle du parcours qu’il a prévu pour nous le lendemain.
Nuit dans une auberge pleine de charme, accueillante et chaleureuse…mes affaires prêtes…je ne tarde par à m’endormir d’une seule traite…
Le lendemain matin commence pour moi par un bon petit déjeuner.
9h00 l’équipe est réunie, Stéphane vient nous récupérer à l’hôtel.
Avant d’entamer la rando, nous allons faire des courses au supermarché de la ville puis direction le point de départ de l’ascension…
Nous nous y rendons en voiture…
Nous traversons quelques villages et plus nous nous approchons du point de départ, plus nous abordons des routes très étroites.
Nous allons en hauteur.
Nous apercevons plusieurs petites maisons, sans haut, sans électricité, en pierre…isolée dans les sommets et très difficiles d’accès. Stéphane nous explique qu’il s’agissait de lieux de résidence de familles qui vivaient de leur bétail essentiellement (produits laitiers, etc…) et qui redescendait en ville pour vendre leur produit.
Le temps est agréable, le ciel est beau et plus nous montons, plus nous apercevons les montagnes qui seront nos amis durant cette belle journée pleine d’effort.
Une fois arrivée au point de départ, nous préparons nos sacs, Stéphane nous prête des raquettes qui s’avéreront être très utiles plus tard…
Le ciel est dégagé, l’ambiance est calme…le sol est couvert d’un drap blanc.
Nous sommes prêts…top départ…
Je prends mon temps, comme à mon habitude, je ne me presse pas…
Au bout de 20 minutes seulement…Yacine me dit «c est magnifique, on n’a pas envie que ça s’arrête »…
Au bout de 30 minutes..il se sent déjà épuisé…lui qui vient de reprendre la course à pieds en guise d’entrainement, n avait pas l habitude de fournir un tel effort.
C’est également au bout d’une demi-heure que nous chaussons les raquettes prêtées par Stéphane.
C’est la première fois…elles demandent un temps d’adaptation et au fil des mètres parcourus, nous prenons conscience de leur efficacité…
En effet, nous parcourons des chemins enneigés, une neige pas encore rigide dans laquelle nous nous enfonçons.
En plein mois de novembre, je suis surpris par la température, il fait bon…
Bien que nous portions des polaires, celles-ci ne s’avèrent pas être toujours nécessaires…
Nous marchons….nous montons…j ai en face de moi, un environnement magnifique proche du sanctuaire blanc que je souhaite traverser dans quelques années…
2 couples…c est le nombre de personnes que nous aurons rencontré tout au long de cette randonnée…
Durant notre parcours, l’espace est silencieux…nous entendons nos respirations lentes…
Quelques maisons en pierre font leur apparition par moment…
Des barres énergétiques, des abricots sec et de l’eau…pendant nos moments de ravitaillement…
Et contrairement aux fois précédentes…nos moments de pauses se font rare et sont courtes…
Serait-ce dut à un début d’expérience ?
Aurais-je plus d’endurance durant cette 5è ascensions ?
Près d’1h30 de marche …nous nous rapprochons d’une étape importante : la traversée d’un long plateau qui nous permettra d’aborder une autre ascension jusqu’au lac du petit.
A nouveau un paysage magnifique…
Un chemin de glace récemment endurcit …nous pouvons y deviner une eau liquide quelques centimètres en dessous…
Le plateau est plat, horizontal…
Sa traversée nous permet de reprendre notre souffle.
Quelques maisons de pierres, un courant d’eau à proximité, un pont construit à une époque difficile à estimer…et nous voilà arrivés au début de la montagne, checkpoint incontournable pour atteindre notre objectif.
Ça y est…nous montons…
La neige est de moins en moins rigide…les efforts physiques sont considérables ne serait-ce que pour soulever les jambes…
Nous sommes concentrés, calmes, nous luttons pour éviter les pièges et les chutes, les enfoncements trop dangereux…
Nous devrions atteindre le lac dans 2h…
La marche continue…
Plusieurs gamelles, des chutes dans la neige dont le rôle était d’absorber les chocs.
Aucune blessure, aucun bobo, des sourires et quelques fou rire…et Stéphane….habitué à ces environnements qui prend de l’avance mais nous attend systématiquement.
Les minutes défilent…
Nous traversons quelques endroits dangereux composés de roches…
Nous arrivons à un point d’eau…bel endroit au près duquel nous faisons une courte pause de 5 minutes…
Car en effet, nous sommes à proximité de l’objectif…
Selon nos estimations, il nous restait entre 1h et 1h30 pour arriver au lac du petit.
La nuit devait tomber à 17h selon Stéphane….
Il était 14h…c est alors que nous devions prendre une décision…
Aller au bout ou pas ?
Personnellement, je l’aurais vécu comme un échec si je n’arrivais pas au bout et Stéphane le sait très bien.
Il connait bien mes limites physiques mais connait aussi bien mon mental et ma volonté d’aller au bout.
Suite à une concertation, nous décidons alors de tenter d’aller au bout.
Ne pas trainer, espérer manger sur place si nous avons le temps…
Le chemin à aborder est clairement le plus difficile car tous les ingrédients y sont réunis : 40 cm de neige, pente très rigide, épuisement…
Stéphane nous encourage, il est patient
Et sa patience nous permet d’apprécier ce moment magnifique…
Le soleil est toujours notre ami,
Le ciel bleu nous permet d’admirer tout ce qui nous entoure.
Plus nous montons, plus nous admirons le magnifique plateau.
Les minutes deviennent des heures…
Yacine courageux fait le constat que son corps n’arrive plus à suivre sa volonté…
Nous ne sommes qu’à quelques mètres de l’objectif…quelques centaines de mètres…
A cet instant, c est le mental qui me fait continuer et rien d’autre
Le mental et le refus de l’échec…
Au fil de notre marche…j’apercevais au loin le lac…gelée…une étendue glacée…
Quelques dizaines de mètres et j’avance avec des jambes lourdes…très lourdes…
Quelques mètres et j’y suis…
Debout et fier sur ce lac gelé que je souhaitais dompter.
Le silence dans lequel nous sommes plongés est la plus belle des musiques. Une musique muette mais présente car on l’entend.
Elle nous accueille, nous apaise…
Stéphane continue à parcourir le lac pendant que je décide de me poser sur un rocher à observer le ciel.
Je suis satisfait, en paix avec moi-même.
Le soleil s’apprête à se coucher, nous devons rentrer…vite avant que la nuit tombe.
Nous récupérons Yacine sur le chemin du retour, ayant repris des forces.
Mon retour est une véritable épreuve. Je suis lent, épuisé…
Stéphane et Yacine me devancent de plus de 500 mètres…
Nous arrivons cependant à la voiture au bon moment bien que la nuit soit tombée.
C’était une belle journée durant laquelle j’ai à nouveau repoussé mes limites.
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